
Le député français Emmanuel Fernandes avec des manifestants kurdes
Cette semaine se tient l’une des sessions trimestrielles de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Abdullah Öcalan est peut-être enfermé sur l’île d’İmralı, mais il est aussi très présent à Strasbourg.
Lundi, le côté opposé du boulevard du Conseil était jaune de drapeaux d’Öcalan, et le son des discours et de la musique montait les larges marches de béton pour assaillir tous ceux qui entraient et sortaient du bâtiment du Conseil. Deux des orateurs sont des membres de l’Assemblée qui sont venus à la pause déjeuner pour manifester leur soutien.
Thomas Pringle, membre indépendant du Parlement irlandais, a apporté un message de soutien de la part du peuple irlandais et a promis de faire tout son possible au sein du Conseil de l’Europe et du Parlement irlandais pour la liberté des Kurdes et la liberté d’Öcalan. Il a souligné que ce que la Turquie fait à Öcalan montre qu’elle a peur de ce que les Kurdes pourraient réaliser avec la liberté.
Le député de Strasbourg, Emmanuel Fernandes de La France Insoumise, a qualifié la situation d’Öcalan de condamnable et inhumaine, contraire aux conventions du Conseil de l’Europe que la Turquie a signées. Il a salué le courage et la résistance des Kurdes qui ont inspiré la gauche. Il a indiqué qu’il soulèverait la question de la liberté du député emprisonné Selahattin Demirtaş lors d’un débat à l’Assemblée parlementaire cet après-midi ; il a salué la résistance héroïque et le courage qui ont permis de faire accepter le résultat des élections à Van ; et il a parlé de Serhat Gültekin, le militant kurde expulsé de France vers la Turquie la semaine précédente, une action qu’il a décrite comme une honte pour la France.
Aujourd’hui, mercredi, la situation d’Öcalan et des autres prisonniers politiques en Turquie a fait l’objet d’une conférence de presse dans le bâtiment du Conseil, parrainée par Berdan Öztürk, député du parti DEM et membre de l’Assemblée parlementaire. L’avocat d’Öcalan, Faik Özgür Erol, a expliqué la réalité et la signification de l’isolement d’Öcalan (nous avons publié son discours dans un article séparé). Ömer Öcalan s’est exprimé à la fois en tant que député du parti DEM et en tant que neveu d’Öcalan. Il a fait remarquer que les personnes qui défendent les droits de l’homme sont celles qui participent à la veillée devant le bâtiment, et a appelé le Conseil de l’Europe à remplir le rôle pour lequel il a été créé. Constantinos Efstathiou, député de Chypre, membre de l’Assemblée parlementaire et rapporteur sur les prisonniers politiques en Europe, a fait remarquer que la Turquie est l’un des principaux responsables de l’emprisonnement des prisonniers politiques. Il a condamné le silence de l’Europe face à l’isolement carcéral d’Ocalan et au grand nombre de personnes torturées dans les prisons et les postes de police turcs.
Ces événements font suite à la conférence organisée la semaine dernière au Parlement européen à Bruxelles, à laquelle ont participé des avocats spécialisés dans les droits de l’homme de nombreux pays. Les orateurs ont souligné l’isolement insupportable imposé à Abdullah Öcalan, et se sont également penchés sur la “judiciarisation de la politique” en général, et sur la généralisation des traitements exceptionnels et illégaux des prisonniers politiques, y compris dans des pays considérés comme des démocraties. Ils ont noté que chaque violation des droits de l’homme ouvre la porte à d’autres violations, et que la prison d’İmralı, où Öcalan est incarcéré, est utilisée comme modèle pour les restrictions dans d’autres prisons en Turquie et au-delà.